vendredi 1 juillet 2011

HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE

Regard sur la philosophie africaine contemporaine
Voici enfin un parfait condensé de la philosophie africaine, d’hier et d’aujourd’hui, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest du continent. L’Afrique n’a peut-être pas encore produit un Jean-Paul Sartre ou un Martin Heidegger, chez qui culmine une majestueuse spéculation de type ontologique, après les Parménide et les Aristote.
Mais, en commençant la présentation de la philosophie africaine par la pensée de l’Egypte pharaonique, ce petit traité, quoi que sans vouloir le démontrer, laisse clairement voir que l’ontologie des modernes (L’être et le Néant, Sein und Zeit…) n’aurait pas existé sans cette réflexion primordiale naguère développée à travers les papyrus égyptiens. Après un siècle de controverses tous azimuts, on doit peut-être sonner aujourd’hui la forclusion du débat déjà fatigant sur l’existence, ou non, de la philosophie africaine, débat qu’avait suscité l’essai mobilisateur de Placide Tempels : La Philosophie Bantoue (Présence africaine, Paris, 1949). Le processus de contestation ou de défense de cet ouvrage, dans lesquels se sont engouffrés les épigones et leurs contraires, peut se comprendre aujourd’hui comme un processus d’autoconstitution d’une philosophie en train de se faire. Ainsi, la ruse de la raison aura placé Tempels à l’origine de l’histoire de la philosophie africaine contemporaine. L’abondante bibliographie à ce sujet en est un manifeste éloquent qu’il faudra essayer de parcourir pour réaliser une présentation panoramique, suffisamment représentative quoi que non exhaustive.
Il faudra jeter un regard rétrospectif sur la philosophie africaine. Quelle est l’épaisseur de notre passé philosophique ? Quelle en est la consistance, quelle en est l’étendue ? Quoique suffisamment ardue comme tâche, l’auteur essaiera de poser également des balises dans ce passé antérieur, dans ce hier problématique, quitte à enjamber de longs espaces intercalaires. C’est qu’il faudra distinguer dans un regard panoramique : l’Autrefois (I), qui correspond à l’Antiquité, Avant-hier (II) qui peut se situer aux premiers siècles de l’ère historique et quelque peu jusqu’au Moyen Age, le Hier (III) qu’on peut mettre au niveau de la philosophie moderne, puis, finalement, l’Aujourd’hui (IV), qui débouchera sur la Philosophie Africaine Contemporaine (V). L’apport des Africains à la construction de la civilisation européenne La première partie du livre est consacrée à l’étude de la philosophie du passé. H. Monon Ndjana, en s’appuyant sur le livre de E. Amelineau, Prolégomènes à l’étude de la religion égyptienne, rappelle les emprunts faits par les philosophes grecs aux Egyptiens. Après quoi il présente une brève synthèse de la philosophie égyptienne, à travers sa cosmogonie. Dans un extrait de son allocution à la 2e session du Congrès international des africanistes tenu à Dakar le 11 décembre 1967, Senghor proteste contre le fait qu’une partie de la littérature, de la pensée africaine, est étudiée comme s’il était un simple prolongement ‘colonial’ de l’Europe et non un apport original, parce qu’essentiellement originaire d’une humanité autre, géographiquement, biologiquement et historiquement située : enracinée. Senghor montre qu’on avait l’habitude de considérer Ibn Rosh - quand ce n’était pas Averroès - et Ibn Khaldoun comme des ‘Arabes’, ‘Plotin et Philon comme des Grecs, saint-Cyprien et saint Augustin comme des ‘Latins’. Il estime qu’il est temps qu’on les étudiât comme des Africains ; pour le moins, comme des ‘Arabo-Berbères’ et, dans le cas de Philon, comme un ‘Judéo-Africain’. De nombreux Africains illustres ont apporté une contribution de la civilisation importante à la construction de la civilisation européenne dans le bassin de la méditerranée, qui en fut la matrice. Il suffit de rappeler les Egyptiens Philon, Plotin et Origène, qui écrivaient en grec, les Berbères Tertullien, Cyprien et Augustin, qui écrivaient en latin. Avant d’en arriver à Amo, l’auteur évoquera trois figures intermédiaires, Ibn Khaldoun, Ahmed Baba de Tombouctou et Zera Yacob. Paulin Hountondji, qui a fait connaître Antoine-Guillaume Amo (vers1703 - ?) au public francophone, le présente, d’entrée de jeu, comme un homme essentiellement soucieux de son africanité. Dans De l’impassibilité de l’esprit humain, et d’après Hountondji, Amo s’insère dans un débat célèbre de l’époque : la querelle des mécanistes et des vitalistes, et prend parti contre le vitalisme. Jacobus Capitein (1717-1749) s’est préoccupé du problème de l’esclavage. Etudiant à la Faculté de théologie (calviniste) de l’université de Leiden en Hollande, il y termina ses études par une ‘Disputation publica’, le 10 mars 1742, sur le sujet ’L’esclavage n’est pas opposé à la liberté chrétienne’. Il peut être vu comme un précurseur de la problématique philosophique africaine : la défense des droits de l’homme. Marcel Griaule, élève de Marcel Mauss, présente Ogotemmêli comme un vénérable vieillard, un illustre représentant des Dogons installés vers le 10 siècle dans les falaises de Bandiagara et dans la plaine du Seno. Les révélations d’Ogotemmêli permettent aux Dogons d’afficher une cosmogonie ‘aussi riche que celle d’Hésiode’, ainsi qu’une certaine métaphysique. L’existence de ce philosophe sénégalais, Kotch Barma Fall (1586-1655) est signalé sur Internet. Léon Diagne a rédigé un mémoire de maîtrise à l’université de Dakar en 1979 (125 pages), intitulé : Kotch Barma Fall : un philosophe sénégalais.
Examen de la philosophie africaine d’expression française Le révérend Père Placide Tempels, (1906-1977) n’est pas un Africain. Mais il se trouve au cœur même de la philosophie africaine. Ce missionnaire belge est en effet l’auteur du très célèbre ouvrage La philosophie bantoue (publié en 1947 en néerlandais et traduit en 1949 aux Editions Présence Africaine). Il s’agit ici du classique des classiques en matière de philosophie africaine. Bien des commentateurs n’approuvent pas la présentation qui y est faite de la philosophe bantu. C’est le cas de Paulin Hountondji et de Marcien Towa, par exemple, qui dénoncent la méthode inaugurée-là par Tempels : l’ethnophilosophie. Dans le cadre de l’examen de la philosophie africaine d’expression française, l’auteur passe en revue les positions de certains philosophes africains : Alexis Kagame, Hegba Meinard-Pierre, Marcien Towa, Alassane Ndaw, Fabien Eboussi Boulaga, Ebénézer Njoh Mouelle, Paulin Jidenu Hountondji, Jean Godefroy Bidima, Bassidi Coulibaly, Bourahima Ouattara, Basile Toussaint Kossou, Niamkey Koffi et Abdou Touré, Bonaventure Mve-Ondo, Mubabinge Bilolo, etc. L’auteur a fait des efforts énormes pour nous familiariser avec la philosophie africaine contemporaine d’expression anglaise. Kwame Nkrumah appellera le ‘consciencisme philosophique’ la philosophie qui doit soutenir la révolution sociale en Afrique. Le consciencisme est l’ensemble en termes intellectuels, de l’organisation des forces qui permettront à la société africaine d’assimiler les éléments occidentaux, musulmans et euro-chrétiens présents en Afrique et de les transformer de façon qu’ils s’insèrent dans la personnalité africaine.
Le reproche adressé à Nkrumah par Hountondji concerne précisément sa volonté d’unification idéologique de trois courants culturels différents - comme si le pluralisme était un ennemi - en une philosophie collective, ‘la philosophie africaine au singulier’. Cette métaphysique de la conscience est également blâmée par le Tanzanien Abdul Rahman Mohamed Babu. Contre la critique idéologique déniant toute aptitude à philosopher aux Africains, ou criant à l’unanimisme, le philosophe kenyan Henry Odera Oruka s’efforce d’apporter expérimentalement la preuve qu’il existe bel et bien une philosophie africaine créée et pratiquée par des individualités. Il s’inscrit en faux contre la théorie de l’écriture comme condition absolue du philosopher, et, en même temps, contre le fait d’appeler philosophes les présocratiques. Au plan purement scientifique, le ghanéen Kwasi Wiredu oppose l’ethnophilosophie et la sagacité philosophique à la philosophie africaine, au motif que toute culture possède ses propres croyances traditionnelles et sa vision du monde, mais que tout cela doit être distinct de la pratique philosophique proprement dite. La philosophie en Afrique du Nord est bel et bien vivante et animée par des discussions et des publications diverses. On peut se référer par exemple à la communication faite par Mourad Wahba au colloque international de philosophie d’Ibadan sur le thème général : La philosophie en Afrique : tendances et perspectives (1983), et intitulée : Les philosophies musulmanes contemporaines d’Afrique du Nord. La synthèse de Mourad Wahba nous présente une philosophie centrée su l’Islam. Le texte de Mourad Wahba a montré que les philosophes évoqués dans cette présentation ne traitent pas que de l’Islam, puisqu’on y a même rencontré un existentialisme athée. Les travaux de certains penseurs maghrébins comme Mohammed Arkoun, Samir Amin, etc. sont présentés.
La reconstitution osirienne de l’Afrique déchiquetée La tendance à la défense des droits de l’homme noir, qui commence chez les philosophes africains du 17e siècle, est celle qui se prolonge et qui s’amplifie un siècle plus tard dans le panafricanisme. Une certaine élite noire va se mobiliser à la fois pour l’élaboration théorique des principes doctrinaux et pour la reconstitution osirienne de l’Afrique déchiquetée. On peut citer Edward Wilmot Blyden, Booker Taliane Washington, Marcus Aurelius Garvey, Dr William Burghart Dubois, et. Si l’auteur a placé la négritude si près du panafricanisme, c’est parce que, quoique d’apparition tardive, dans les années trente, elle vise les mêmes objectifs : la restauration de l’identité et de la dignité du monde noir.
Senghor et Césaire sont les défenseurs de la négritude. Stanislas Spero Adotévi en a fait une critique féroce dans son livre percutant : Négritudes et négrologues (coll 10/18, 1972). Placide Tempels, Alexis Kagamé, Alassane Ndaw (La pensée africaine) et Basile-Juléat Fouda (La philosophie négro-africaine de l’existence, Thèse de 3e cycle, Lille, 1967) pense qu’il existe une philosophie africaine. L’ethnophilosophie a fait l’objet d’une vigoureuse critique de la part de Marcien Towa et Paulin Hountondji. Deux philosophes ivoiriens, Niamkey Koffi et Abdou Touré accusent ces deux critiques de l’ethnologie d’être des penseurs bourgeois qui veulent dénier l’accès à la philosophie aux individus d’origine populaire. En réalité, et dans les sociétés africaines précoloniales, ce sont les nyctosophes, ou sorciers et devins, qui exerçaient la fonction de penseurs. L’auteur aborde des thèmes très intéressants comme la renaissance africaine, la renaissance éthique du professeur Martin Prozesky. Il consacre quelques développements à l’égyptologie et à l’afrocentricité. Il a essayé de mettre en valeur toute une école dont les grands inspirateurs sont des philosophes bien connus, Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Grégoire Biyogo, mais dont les principaux animateurs sont, pour la plupart, des Africains Américains : Jean-Philippe Omtunde, Maulana Karenga, Ama Mazama, et bien d’autres encore. L’Afrique lusophone et hispanophone est beaucoup moins connue encore : l’Université de la Guinée équatoriale est toute jeune, comme celle du Cap-Vert ou de Sao Tomé et Principe ; quant à l’Angola, les bruits de bottes et de canon, ininterrompus durant toute une génération, n’ont certainement pas permis l’éclosion d’une pensée philosophique réellement assignable, sauf certainement dans la diaspora. Ce livre qui contient des réflexions fort intéressantes mérite d’être minutieusement lu et de faire l’objet d’un examen critique.

NJOH-MOUELLE

Ebénézer Njoh-Mouellé, né le 17 Septembre 1938, est un philosophe et homme politique camerounais. Il est titulaire d'un doctorat d'État ès lettres et Sciences Humaines, délivré par la faculté de la Sorbonne.
Il s'est rendu très rapidement célèbre par son premier livre De la médiocrité à l'excellence (1970), où il analyse les phénomènes qui entravent le développement du Cameroun et les moyens d'y échapper à terme. Ses démonstrations sont servies par une culture vaste prenant ses racines dans la philosophie grecque, romaine et européenne. Ce livre fait actuellement partie des ouvrages étudiés au programme de terminale du Cameroun. Il est publié par un éditeur camerounais: les éditions CLE.
La popularité de son œuvre auprès des milieux lettrés a valu à Ebenezer Njoh-Mouellé de se voir proposer en 1990 une place de secrétaire général du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti de Paul Biya.
Ebenezer Njoh-Mouellé s'est présenté en 1997 à la députation comme candidat du RDPC. Son élection et les difficultés inattendues qu'il rencontra, ainsi que son expérience parlementaire, le conduisirent à publier, en 2002, un livre intitulé , Député de la Nation. Celui-ci constitue un constat amer sur le rôle du clientélisme et de la fortune personnelle possédée par les candidats dans la politique camerounaise.
Ebenezer Njoh-Mouellé a publié de nombreux articles tant sur le plan philosophique que politique.
Son site officiel est : http://njohmouelle.org/

SUJET DE PHILO 4

BACC BLANC DE LA G

BACC G EPREUVE ZERO 2011
Sujet 3 : Exercice sur texte
«  C’est dans les écoles hellénistes et romaines de philosophie que le phénomène [par lequel la philosophie se définit comme exercice spirituel et art de vivre] est le plus facile à observer. Les stoïciens, par exemple, le déclarent explicitement : pour eux, la philosophie est un ‘exercice’. A leurs yeux, la philosophie ne consiste pas dans l’enseignement d’une théorie abstraite, encore moins dans une exégèse des textes, mais dans un art de vivre, dans une attitude concrète, dans un style de vie déterminé, qui engage toute l’existence. L’acte philosophique ne se situe pas seulement dans l’ordre de la connaissance, mais dans l’ordre du ‘soi’ et de l’être : c’est un progrès qui nous fait plus être, qui nous rend meilleurs. C’est une conversion qui bouleverse toute la vie, qui change l’être de celui qui l’accomplit. Elle le fait passer d’un état de vie inauthentique, obscurci par l’inconscience, rongé par le souci, à un état de vie authentique, dans lequel l’homme atteint la conscience de soi, la vision exacte du monde, la paix et la liberté intérieures. »
Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Etudes Augustiniennes, 1981, pp 15-16.
Questions :
  1. Déterminez la thèse de l’auteur ainsi que la structure logique de son argumentation. (3pts)
  2. Expliquez : vie inauthentique ; Exégèse des textes. (2pts)
  3. Que veut exprimer l’auteur quand il affirme : « la philosophie ne consiste pas dans l’enseignement d’une théorie abstraite » ? (3pts)
  4. Essai personnel : l’exercice de la philosophie peut-il se concevoir sans pratique ? (12pts)

lundi 27 juin 2011

QUELQUES CITATIONS SUR LA PHILOSOPHIE AFRICAINE


« Le nègre représente l’homme naturel dans toute sa sauvagerie et sa pétulance. Il faut faire abstraction de tout respect et de toute moralité, de ce que l’on nomme sentiment si on veut le comprendre. On ne peut rien trouver dans ce caractère qui rappelle l’homme » FRIEDICH HEGEL.
« La colonisation a fait plus d’humanité parmi les nègres. » FRIEDICH HEGEL.
« L’homme a naturellement la passion de connaitre » ARISTOTE.
« La Grèce est le seul point du monde antique où la sagesse de l’homme ait trouvé sa voie, et où, par effet d’un heureux équilibre des forces de l’âme, et d’un long travail pour acquérir la mesure et la discipline de l’esprit, la raison humaine soit parvenue à l’âge de sa force et de sa maturité. Aussi bien le petit peuple grec apparait-il(…) comme un homme au milieu des géants enfants. C’est en Grèce seulement que la philosophie acquit une existence autonome en se distinguant explicitement de la religion »  JACQUES MARITAIN.
« Le peuple grec fut le peuple élu de la raison » LOUIS DE RAEYMAEKER.
« La philosophie n’est pas sortie, toute armée, du cerveau de Thalès ou de Pythagore » ROGER CARATINI.
« La philosophie est née en Grèce antique et elle a gardé de cette naissance grecque une configuration propre » BERNARD STEVENS.
« Dans l’affirmation récurrente selon laquelle la philosophie existe depuis toujours en Afrique, il y a manifestement une tendance à attribuer au mot philosophie une vertu qu’elle n’a pas » BERNARD STEVENS.
« le consciencisme est l’ensemble, en termes intellectuels, de l’organisation des forces qui permettront à la société africaine d’assimiler les éléments occidentaux, musulmans et euro chrétiens présents en Afrique et de les transformer de façon à ce qu’ils s’insèrent dans la personnalité africaine… la philosophie appelée consciencisme est celle qui, partant de l’état actuel de la conscience africaine indique par quelle voie le progrès sera tiré du conflit qui agite actuellement cette conscience » KWAME NKRUMAH.
« Pour rester soi même, il faut se compromettre, c'est-à-dire aller vers l’autre. Il faut donc pratiquer ce qu’on appelle l’assimilation culturelle » CHEIK HAMIDOU KANE.
« S’emparer du secret de l’Occident doit dès lors consister à connaitre à fond la civilisation occidentale, à identifier la raison de sa puissance et à l’introduire dans notre propre culture. Seulement cette introduction n’est pas à concevoir comme une simple addition qui laisserait intacte les anciens éléments culturels ni même comme une paisible greffe devant opérer sans heurt les transformations désirées : elle implique que la culture indigène soit révolutionnée de fond en comble, elle implique la rupture avec cette culture, avec notre passé, c'est-à-dire avec nous même » MARCIEN TOWA.
« La tradition devenue matière à attaque, à défense, à démonstration ou à illustration n’apparait pas pour ce qu’elle est. Elle ne se montre pas comme différence sous la forme d’une unité qui renvoie à soi même. En fait elle pose son être rationnel comme un être pour autrui ; elle emprunte les discours rationnels de l’autre, tire de soi des philosophies complètes qui ont la forme et même le contenu de celles dont elle voudrait se démarquer »  FABIEN EBOUSSI BOULAGA.
« La philosophie nègre doit se transmettre à travers les âges comme un héritage à recevoir, à défendre et à incarner pour atteindre l’existence authentique » BASILE JULEAT FOUDA.
« L’homme ne peut se passer de la philosophie, aussi est-elle présente partout et toujours, répandue dans le public par les proverbes traditionnels, les formules de la sagesse courante, les opinions admises, comme également le langage des gens instruits, les conceptions politiques et dès les premiers âges de l’histoire, par les mythes »  KARL JASPERS.
« Déterrer une philosophie, ce n’est pas encore philosopher… la philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance » MARCIEN TOWA.
« Les occidentaux peuvent se vanter d’avoir une brillante tradition philosophique mais ils n’ont pas encore commencé à philosopher »  MARCIEN TOWA.

LA PROBLEMATIQUE DE LA PHILOSOPHIE EN AFRIQUE


Un thème qui suit celui de l’introduction générale à la philosophie dans les classes africaines est bien celui de l’existence d’une philosophie dite « africaine ». Il est vrai certains Etats africains se refusent à explorer ou même à aborder la question car pour eux, elle ne se pose pas. Ne pas la traiter voudrait donc dire pour eux traiter la philosophie « comme les occidentaux l’abordent ».
Au delà de cette conception, chaque fois que l’on aborde la question de la philosophie en Afrique, on soulève deux problèmes fondamentaux : celui de sa nécessité et celui de son existence. Peut-on alors parler d’une philosophie africaine ?
Nous aborderons la question en trois temps : nous traiterons d’abord de la philosophie en Afrique comme un impératif(A) ; ensuite nous aborderons le contexte de naissance de la philosophie africaine(B) et nous terminerons par les courants de la philosophie africaine(C).
Pour ceux qui veulent davantage d’information sur le sujet, je vous renvois à la lecture de l’essai de MARCIEN TOWA intitulé Essai Sur La Problématique Philosophique Dans L’Afrique Actuelle. A côté de TOWA, nous avons également un excellent philosophe au nom de LOUIS MPALA MBABULA qui a d’excellents cours sur la philosophie africaine et sur la philosophie en général (louis-mpala.org).

A.   LA PHILOSOPHIE EN AFRIQUE COMME UN IMPERATIF

On peut bien s’amuser à se demander si l’Afrique a elle aussi besoin de la philosophie. Sans hésitation, répondons par l’affirmative. Mais en réalité, de quelle philosophie s’agit-il ?
L’Afrique est un continent longtemps pillé, exploité par les occidentaux et les impérialismes internationaux. Pendant la colonisation, le colon opérait à visage découvert et parfois les armes au poing. De nos jours le néocolonialisme a emprunté des formes moins violentes pour poursuivre l’œuvre amorcée par les premiers capitalistes et continue ainsi à imposer un rythme de vie dépersonnalisant tout en exploitant sournoisement à travers des discours à caractère philanthropique.
Sur le plan intérieur de chaque Etat, le néocolonialisme entretient des haines tribales, des guerres de frontière, des dissonances de tout ordre. Dans une telle condition l’Afrique est condamnée à philosopher c'est-à-dire à prendre conscience de son sous développement, de son manque d’unité, de son absence de liberté.
Une telle  philosophie portera nécessairement comme le préconise KWAME NKRUMAH dans Le consciencisme « la marque de son histoire ». Elle recherchera donc à recouvrer la liberté totale du nègre, ainsi qu’à lui donner la possibilité de maitriser son sol et de sauvegarder ses biens par l’acquisition de la science et de la technique.
La philosophie pourra ainsi procéder au recensement de tous les pouvoirs positifs qu’ils soient traditionnalistes, scientifiques et même occultes afin de les rendre utiles aux sociétés africaines.
Pour une vie humaine authentique en Afrique, la philosophie est donc nécessaire.

B. LE CONTEXTE DE NAISSANCE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE : UNE PHILOSOPHIE REACTIONNAIRE :

Dans son ouvrage Qu’est ce que la philosophie ? , le philosophe MARTIN HEIDDEGER estime que la philosophie est essentiellement occidentale et qu’elle parle grec. Cela signifie que seul l’Occident est originellement et proprement philosophique.
Dans le même ordre idées, le sociologue français LEVY BRÜHL dans son ouvrage intitulé La mentalité primitive pense que le nègre a une mentalité prélogique c'est-à-dire qu’il est incapable de conceptualisation et d’abstraction. Le nègre devient ipso facto comme aphilosophique c'est-à-dire que l’Afrique se présente désormais comme une table rase philosophique.
La philosophie africaine nait donc dans ce contexte précis. Il s’agit en effet pour les philosophes africains de dénoncer le discours idéologiste colonialiste et même raciste des auteurs occidentaux qui ne voyaient en l’africain qu’un sous homme.
HEGEL, reconnu pour son extrémisme impérialiste dira dans Les principes de la philosophie du droit : « le nègre représente l’homme naturel dans toute sa sauvagerie et sa pétulance. Il faut faire abstraction de tout respect et de toute moralité, de ce que l’on nomme sentiment si on veut le comprendre. On ne peut rien trouver dans ce caractère qui rappelle l’homme ». Selon HEGEL l’esprit scientifique est inaccessible au nègre dans cet état. Il propose donc qu’on l’arrache de cette primitivité en lui imposant les vertus de la culture européenne à travers la colonisation. « La colonisation a fait plus d’humanité parmi les nègres. »
Face à ces déclarations tapageuses et provocantes aux accents racistes et impérialistes les africains vont se sentir révoltés. A ce niveau, il fallait une philosophie africaine, du moins à titre de réaction. Et c’est dans ce contexte que nait le débat autour de la philosophie africaine, une philosophie défensive et mobilisée en vue d’une résistance face aux assauts du colonisateur. Pourtant le tout n’est pas de réagir car la réaction peut devenir elle même auto accusation si elle ne se déploie pas avec ménagement.
Il ne s’agit pas de réagir dans un défoulement total pour laisser passer tous les instincts et les pulsions. L’essentiel n’est pas de dire comme le souligne F.E. BOULAGA « nous avons aussi une philosophie » ; mais il est question dans cette réaction même d’orienter sa pensée, de lui donner un sens.

C. LES COURANTS DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE

Même si elle vise dans l’ensemble un même objectif ou but qui est celui de la libération africaine ainsi que la promotion de la culture nègre, les philosophies africaines n’utilisent pourtant pas les mêmes méthodes pour y arriver. L’on peut pour aborder une pensée aussi variée et diversifiée cataloguer ces philosophies suivant leurs courants. Ainsi pourra-t-on distinguer le courant politique, le courant critique et positiviste, le courant ethno philosophique ou herméneutique, le courant poétique avec la négritude.
Son leader est KWAME NKRUMAH. Pour lui, la libération de l’Afrique n’est possible qu’à travers la résolution de la crise dont est malade l’africain. Cette résolution donnera la possibilité d’accéder à la décolonisation politique. Il est question pour NKRUMAH de soutenir, d’éduquer, de moraliser la conscience africaine afin qu’elle puisse choisir lucidement pour sortir de l’impasse entre les antagonismes et les ambigüités  qui entrainent la crise de conscience au sein de la société africaine :
-         Le choix des valeurs culturelles : tradition ou modernisme ;
-         Le choix d’idéologie : capitalisme ou socialisme ;
-         Le choix de réligion : animisme ou christianisme ou islamisme.
Pour lui la philosophie qui doit soutenir cette résolution sociale est celle qu’il appelle le « consciencisme philosophique ». il écrit : « le consciencisme est l’ensemble, en termes intellectuels, de l’organisation des forces qui permettront à la société          africaine d’assimiler les éléments occidentaux, musulmans et euro chrétiens présents en Afrique et de les transformer de façon à ce qu’ils s’insèrent dans la personnalité africaine… la philosophie appelée consciencisme est celle qui, partant de l’état actuel de la conscience africaine indique par quelle voie le progrès sera tiré du conflit qui agite actuellement cette conscience ».
On placera ainsi KWAME NKRUMAH dans le courant politique car pour lui, la philosophie doit servir à la décolonisation et au développement de l’Afrique.
Ce courant propose à l’Afrique de s’engager à dénoncer son passé historique (coutumes, traditions, etc.) car on suppose qu’il est inducteur de son échec. Ce courant a comme tenant NJOH MOUELLE, MARCIEN TOWA, EBOUSSI BOULAGA, etc.
Pour Marcien TOWA, il faudrait s’arracher de notre passé pour aller voler le secret de l’Occident, par l’usage des méthodes modernes telles que la raison, la science, la dialectique. Il faut donc prendre le risque de se remettre en question. C’est ce que Cheik HAMIDOU KANE par la voie de la Grande Royale semble dire dans L’aventure Ambigüe : « pour rester soi même, il faut se compromettre, c'est-à-dire aller vers l’autre. Il faut donc pratiquer ce qu’on appelle l’assimilation culturelle ».
Or pour TOWA il ne serait, à l’analyse, pas question d’une simple assimilation, mais plutôt d’une rupture avec soi même, avec le mode de pensée de l’africain : « s’emparer du secret de l’Occident doit dès lors consister à connaitre à fond la civilisation occidentale, à identifier la raison de sa puissance et à l’introduire dans notre propre culture. Seulement cette introduction n’est pas à concevoir comme une simple addition qui laisserait intacte les anciens éléments culturels ni même comme une paisible greffe devant opérer sans heurt les transformations désirées : elle implique que la culture indigène soit révolutionnée de fond en comble, elle implique la rupture avec cette culture, avec notre passé, c'est-à-dire avec nous même ».
Pour HOUNTONDJI et NJOH MOELLE, il n y aura pas de développement en Afrique tant que la pensée africaine ne sera elle même pas ouverte à la critique, tant qu’elle se contentera d’être une monotonie de génération en génération et de vivre en vase clos dans les coutumes.
Pour EBOUSSI BOULAGA, ce qu’il faut c’est la recherche de l’abolition du fossé entre les deux civilisations en montrant l’unité ou l’identité objective plutôt que de procéder à l’exhibition d’une tradition qui, prenant conscience d’elle même se prévaut de ce qu’elle possède aussi, ce qu’elle voit chez autrui. Il écrit : « la tradition devenue matière à attaque, à défense, à démonstration ou à illustration n’apparait pas pour ce qu’elle est. Elle ne se montre pas comme différence sous la forme d’une unité qui renvoie à soi même. En fait elle pose son être rationnel comme un être pour autrui ; elle emprunte les discours rationnels de l’autre, tire de soi des philosophies complètes qui ont la forme et même le contenu de celles dont elle voudrait se démarquer ».
3. le courant ethno philosophique ou herméneutique
BASILE FOUDA, ANTA DIOP, ALEXIS KAGAME, PLACIDE TEMPELS sont la cheville ouvrière de ce courant.  FOUDA reproche au courant positiviste de trahir la personnalité et l’authenticité du negro africain. Pour lui toute philosophie est relative à l’espace, au mode de vie ou intimité de ceux qui la créent et la consomment. On ne saurait donc importer de philosophie comme le prétend TOWA qui voudrait voir dans la philosophie occidentale le seul mode possible de rationalité. Pour FOUDA la rationalité européenne n’est valable qu’à l’Europe ; à l’Afrique d’inventer la sienne. Les ethno philosophes proposent alors que l’Afrique retourne à son passé ancestral avec ses coutumes et traditions qui constituent pour lui « un paradis perdu ». Il faut donc un réemploi de la tradition à travers une relecture et une traduction de l’herméneutique des valeurs ancestrales.
L’africain doit donc avoir une « mémoire vigilante » qui le mobilise contre les attaques d’autres cultures et assure la perpétuation de celles ancestrales.
On a longtemps épilogué autour de la question sur l’existence d’une philosophie africaine. Tout commence quand le Père TEMPELS publie La philosophie bantoue. De ce titre vient une question : le bantou a donc à lui seul une philosophie ? Dans ce livre, TEMPELS tente de démontrer que l’être du bantou se définit à travers la notion dynamique de force vitale. Le bantou a donc une philosophie du vitalisme qui fait qu’il croit à la métempsycose, c'est-à-dire en sa capacité d’être multidimensionnel, de se diviser dans le cosmos à travers ses totems qui lui permettent d’accroitre sa fonction vitale. La description de TEMPELS fait ainsi croire que le bantou a une philosophie particulière différente de celles des autres ethnies ou cultures. Il s’agit alors d’une ethnophilosophie. Le livre de TEMPELS va ainsi déclencher un débat houleux autour de la question sur la philosophie africaine. Se rangent derrière lui FOUDA et les autres.
Pour FOUDA, la philosophie africaine existe puisqu’elle a commencé depuis nos ancêtres jusqu’à nos jours. Il écrit : « la philosophie nègre doit se transmettre à travers les âges comme un héritage à recevoir, à défendre et à incarner pour atteindre l’existence authentique ». Pour lui le mode de pensée de l’africain doit se pérenniser et demeurer le même à travers les âges.
Les ethnophilosophes considèrent la philosophie comme étant synonyme de culture c'est-à-dire qu’ils dilatent le concept de philosophie de manière à le rendre coextensif au concept de culture. Chaque peuple ayant donc sa culture, il est désormais évident que chaque peuple a une philosophie. Or nous savons que la philosophie est une et universelle et n’est pas réductible à la simple pensée d’un peuple. Elle est selon HEGEL « la pensée de la pensée », d’où une critique de l’ethnophilosophie s’avère nécessaire.

La thèse ethno philosophique sera combattue par des auteurs  tels que HOUNTONDJI, TOWA et même les littéraires tels qu’AIME CESAIRE.
Pour TOWA, seule la conquête de la rationalité philosophique occidentale et la pratique de la philosophie selon le mode européen pourront nous permettre de devenir de sérieux philosophes : « déterrer une philosophie, ce n’est pas encore philosopher… la philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance ».
CESAIRE dans son discours sur le colonialisme affirmera que l’ethnophilosophie n’est qu’une philosophie vaseuse et méphitique.
Que penser dès lors de ces thèses ?
EN GUISE DE CONCLUSION : la situation de la philosophie en Afrique est encore complexe. Mais le refus de reconnaitre l’existence de la philosophie dans les mythes, contes et proverbes comme l’a fait TOWA à  ses débuts nous parait comme une méprise. Tout le problème de l’existence de la philosophie en Afrique réside dans ce fait qu’il faille la replacer dans son berceau authentique et c’est ce qui semble difficile ; parce que les ethnophilosophes n’ont en quelque sorte pas philosophé. Ils se sont livrés à un rapportage des anciens.
TOWA lui même semble reconnaitre ses difficultés dans l’un de ses essais parus en 1979. Dans son premier essai TOWA considère les mythes, les contes et les proverbes comme les lieux de non déploiement de la pensée philosophique. Par contre dans son Idée d’une philosophie négro-africaine, il pense que les mythes, les contes et les proverbes sont les lieux d’expression d’une pensée philosophique qu’il défend d’ailleurs. Que faut-il donc retenir ? Les africains se sont ils passés de la philosophie ?
Pour répondre à ces questions, référons nous à ce que dit KARL JASPERS dans son Introduction à la philosophie « l’homme ne peut se passer de la philosophie, aussi est-elle présente partout et toujours, répandue dans le public par les proverbes traditionnels, les formules de la sagesse courante, les opinions admises, comme également le langage des gens instruits, les conceptions politiques et dès les premiers âges de l’histoire, par les mythes ». Il ajoute : « refuser de philosopher, c’est philosopher inconsciemment ».

QU'EST CE QUE LA PHILOSOPHIE


             
Pour définir la philosophie, plusieurs maitres passent en revue la définition étymologique et les concepts sur la philosophie. Ce n’est certes pas faux, mais tous semblent ignorer, dirait-on que pour définir une notion par une réponse claire et simple, il faut rassembler tout le fond par rapport auquel la forme définitionnelle se tire. C’est là justement que se pose le problème avec la philosophie : elle devient une entreprise tardive, voire difficile car si pour ARISTOTE toute définition est par définition limitée, on ne peut alors élaborer qu’une définition asymptotique, on ne peut avoir qu’une approche définitionnelle (et non la définition) à travers l’entreprise étymologique ou ses concepts.

A. LA QUESTION ETYMOLOGIQUE :

« Philosophie » est constituée de deux mots : « philos » qui signifie ami et « sophia » que l’on relie à la sagesse. Par voie de conséquence, on admet que la philosophie est l’amour pour la sagesse, et le philosophe l’ami de la sagesse.

B. LES CONCEPTS ET CONCEPTIONS DE LA PHILOSOPHIE :

La conception étymologique de la philosophie nous amène à penser que la philosophie s’intéresse à la dialectique de l’esprit ; en d’autres termes, le philosophe est un sage de la vie, qui semble maitriser la physique de la nature.
1. Toutefois, à partir de SOCRATE, la philosophie cesse d’être une simple physique de la nature pour se porter  sur l’homme. En effet SOCRATE a toujours estimé que ce qui importe c’est de ramener la réflexion philosophique sur soi même ; d’où son « connais-toi toi même et tu connaitras l’univers et les dieux », qui fait de l’homme l’objet essentiel de la réflexion philosophique.
2. Pour PLATON, la démarche philosophique consiste à s’élever du monde sensible au monde intelligible à partir des apparences aux idées vraies. Cf. « que nul n’entre ici s’il n’est géomètre »
3. Son disciple ARISTOTE (celui de Platon) se révélera comme une vaste encyclopédie philosophique qui embrasait la totalité du savoir de l’époque. Pour lui la philosophie est la science des premiers principes et des premières causes, en d’autres termes une simple dialectique d’idées.
4. Mais la démarche philosophique est avant tout réflexive. Le Menon de PLATON, met en relief cette idée. Socrate entreprend d’interroger Menon sur la vertu. A chaque fois que Menon y trouve une réponse, elle suscite une nouvelle question de Socrate et ceci dans le but de démontrer à son interlocuteur la fausseté de ses points de vue et de le mettre en désaccord avec lui même tout en lui proposant comme bien l’effort personnel.
Comme pensée dialectique, la philosophie semble se nier à tout moment de son existence. D’ailleurs pour SARTRE, « la philosophie n’est pas. », car elle se nie dans la critique et les contradictions. L’existence philosophique est foncièrement tragique. Partant du principe que les philosophes sont d’accord de leur désaccord, on admet aisément que toute philosophie qui se nait se construit sur les ruines de l’autre. GUSDORF écrit : « aucune philosophie n’a jamais pu mettre fin à la philosophie, pourtant c’est là le vœu secret de toute philosophie. »
Ce sont ces contradictions entre philosophes que l’on a appelés mouvements philosophiques. Elles se justifient par le fait que la philosophie n’est pas une somme finie de connaissances, ni une totalité positive de connaissances : « la philosophie tire sa valeur de son incertitude même »(RUSSEL).
Pour démarquer les réflexions philosophiques de celles théologiques ou religieuses, TOWA affirme que la philosophie soumet l’absolu  et le sacré à une critique sans complaisance. En cela, elle est « sacrilège ». JASPERS pour sa part ajoute « la philosophie se trahit elle même lorsqu’elle dégénère en dogmatisme, c'est-à-dire en un savoir mis en formule, définitif, complet. Faire de la philosophie c’est être en route, les questions sont plus essentielles que les réponses et chaque réponse suscite une nouvelle question ». Il n’y a donc de philosophie que dans un raisonnement récurrent.
5. La philosophie, c’est aussi la pensée métaphysique ; il s’agit de penser l’absolu en toute chose c'est-à-dire de tenter d’en saisir le sens, le fondement, de tenter de répondre à la question du pourquoi et du comment des choses (mais surtout du pourquoi des choses). Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

C. LA NECESSITE ET L’IMPORTANCE DE LA PHILOSOPHIE :

Est nécessaire tout ce qui est indispensable, ce dont on ne peut se passer et dont on a besoin tant dans sa conduite que dans ses actions. La philosophie est indispensable, tellement indispensable qu’au lieu de nous plonger dans des démonstrations d’utilité de la philosophie, nous laisserons quelques auteurs réfléchir sur la question et nous nous ferons notre opinion.
1. Bertrand RUSSEL : « celui qui n’a aucune teinture de philosophie traverse l’existence emprisonné dans les préjugés qui lui viennent du sens commun, des croyances habituelles… et les convictions qui se sont développées en lui sans la coopération ni le consentement de sa raison ».
2. René DESCARTES : « c’est proprement avoir les yeux fermés sans tacher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher ».
3. René DESCARTES : « chaque nation est d’autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux ».
4. NJOH MOUELLE : « s’il y a donc un besoin de philosophie, c’est qu’il y a un manque dans la réalité ».
5. ARISTOTE : « c’est l’émerveillement qui poussa les premiers hommes à philosopher ; ils s’étonnèrent d’abord des choses étranges auxquelles ils se heurtaient, puis ils allèrent peu à peu plus loin et se posèrent des questions concernant les phases de lune, les mouvements du soleil et des astres et la naissance enfin de l’univers ».
6. Emmanuel KANT : « il n y a pas de philosophie que l’on puisse apprendre, on ne peut apprendre qu’à philosopher ».
7. EBOUSSI BOULAGA : «  l’exhortation est pressante : si l’on veut survivre, il faut vraiment philosopher ».
Nous savons maintenant ce qu’est la philosophie à travers les auteurs. Comment la concevons-nous-nous même ? À chacun sa réponse.

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